Juré-craché, c'est une histoire de famille. Une de plus. Peut-être. Mais une histoire à la poésie si forte qu'elle impose dès les premières minutes, l'écoute respectueuse du public, tout proche, disséminé autour de la Place du Théâtre de Morlaix, comme isolée du reste du festival et du reste du monde. C'est dans cette alcôve propice à la réflexion que débute la troublante danse de deux corps sans visage dans lesquels chaque homme, chaque femme se projette à sa guise.
Au point de départ, un couple s'enlace, s'aime et donne naissance à une fratrie dont l'histoire ne peut que passionner et toucher chacun d'entre nous, quelque soit son vécu. Sujet universel et ô combien délicat de ce spectacle qui donne à voir l'amour sous toutes ses formes. L'amour entre trois frères et une sœur, l'amour entre les adultes qui les ont conçus et les adultes qu'ils vont eux-mêmes devenir.
L'amour, et toute la palette des sentiments qui le compose, à travers des images fortes. Des stéréotypes (mariage, fiançailles, maison, album de famille) et des tabous (inceste), que les quatre marionnettistes et leurs frêles doubles chimériques se plaisent à sublimer ou faire voler en éclats, sur une musique non moins transcendante de Daniel Monge, au rythme d'une chorégraphie aérienne signée Olivier Germer. Un moment fort où il faut accepter de se perdre pour mieux se retrouver.
Texte : Anne Yven