Un rapport au corps à la fois sensible et furieux. L'univers dansant de la boxe, du lutteur qui est craint ou qui craint ce dernier. Un rapport de force dans une cohésion. C'est ce que la compagnie Tango Sumo présente dans sa création 1er Round.
Trois hommes s'engagent dans un bras de fer entre amitié et hostilité. Un ring dans lequel les danseurs divaguent, se cherchent du poing, s'empoignent. Les vapeurs de l'alcool auront eu raison de notre pauvre arbitre, qui une fois au sol ne maîtrise plus la cloche. Ce qu'il maîtrise ce sont les boxeurs. Son accordéon est sa parole, il mène la danse. Un arbitre mélancolique, quelques fois dépassé par le comportement de ses lutteurs, mais qui pour rien au monde ne lâcherai son accordéon et sa pédale de sampleur.
Le ring est fait de cordes, de fer, de bois et de chanvre. Il soutient les lutteurs et les emprisonne. Avec l'aide du public assit sur les bancs qui lestent le tout, et tendent les cordes, on assiste à des voltiges dignes de grands oiseaux, des coups de pied virevoltants...
Le fer forgé de la grande table ronde, la stature des danseurs et cette atmosphère ennivrée nous font penser à une querelle de dockers dans un bistrot du port de Morlaix vers les années 30. Puis la bienveillance prend le dessus et le tournoiement du petit nerveux donne la grâce à tous ses lutteurs.
Fin du premier round, match nul. Difficile de remonter sur le ring après toute cette tendresse, le prochain combat risque tout de même d'être plus rude.
Texte : Loeïza Renaut
Photos : Julien Mazé