La Patriótico Interesante Kadogo, niño soldado
La Patriotico Interesante joue place Salvadore Allende.
Mis en ligne samedi 8 août | 19h49
Mercredi, 22h32, alors que, cause d'intempéries, Kadogo doit être annulé, le public, imperturbable face à la pluie, emporté par la musique, se met à danser et réclame le spectacle. Porté par l'énergie du public, la compagnie décide de se donner à fond pour sa prestation du lendemain. Et ce sont des chiliens survoltés et déterminés qui arrivent jeudi, sur une place Allende noire de monde.
Kadogo, enfant soldat, un spectacle, mais bien au delà, une nécessité, un devoir de dénoncer.
La représentante de la délégation finistèrienne d'Amnesty Internationale, entame une entrée en matière militante, pour marquer le soutien et le respect de l'association à la cause de la compagnie. Elle cède la parole à Nacho, directeur de la compagnie, qui très ému, expose au public le contexte du spectacle, aujourd'hui bien particulier. Pour La Patriotico Interesante, jouer ici sur la place Salvador Allende est très emblématique. Salvadore Allende, celui qui a voulu donner la parole au peuple, avant d'être renversé par la dictature d'Augusto Pinochet, demeure un symbole de la défense de la démocratie. Pour ces chiliens qui revendiquent le droit à l'expression, et pour tous, on le ressent cette représentation est hautement symbolique.
Place au théâtre !
Dans une tornade d'effets pyrotechniques et visuels, les acteurs s'emparent de la place Allende. 14 jeunes artistes déterminés qui s'attaquent à un thème lourd et difficile et nous offrent une création dynamique et survoltée. Costumes, maquillages, chorégraphies... Tout est savamment travaillé et amène des images poétiques et métaphoriques, parfois violentes. Mélange de punk, rap chilien, rock métal, la musique du spectacles, jouée en live par un trio de choc, achève de nous emporter dans cette spirale de violence.
En 50 minutes, la Patriotico explore et dépeint les engrenages et les mécanismes pervers qui enferment les enfants dans un univers de violence. Victimes innocentes d'un monde qu’ils ne maitrisent pas et qui les détruit, prisonniers d’une surenchère de manipulations. Celle du pouvoir, des drogues, de la bureaucratie, des politiques ou encore des médias et du marketing. Des enfants inconscients face à la mort, faciles à influencer, qui prennent les armes comme une solution pour exister.
Kadogo, enfant soldat, un spectacle universel, bouleversant et effrayant. Du théâtre de rue explosif qui laisse s'exprimer sa rage. Une représentation à couper le souffle qui vous jette les images et la réalité à la figure, souligne des réalités sociales dont nous sommes tous un peu responsables.
Un travail qui illustre aussi la volonté du FAR de ne pas simplement divertir les habitants, mais aussi de faire passer un message, de faire de la rue un espace de libre expression, une tribune pour s’exprimer. Le théâtre de rue doit aussi être un théâtre politique, poétique. Un théâtre revendicatif.
Texte : Lucie Corouge
Photos :
lefourneau.com
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