Rencontre professionnelle et citoyenne, vendredi 6 août, 11h11 Place Allende, Morlaix
Dans quel ordre s'est fait le lien entre le texte de votre spectacle et le visuel ?
Luc Amoros de la compagnie Luc Amoros « J'écris des chroniques en continu, et je choisis ensuite celles que je préfère et on les adapte ensuite avec les artistes. Mais à dire vrai, je ne me souviens pas du tout du processus de création ! Les textes évoluent ensuite au fil de la mise en scène... »
Pourquoi et comment on devient auteur ?
Olivier Germser de la compagnie Tango Sumo : « Un jour quand je débutais, un artiste m'a dit : " Pour être un bon artiste il faut être un voleur et un menteur "... Maintenant je comprends parfaitement cette phrase... Alors que lorsque je l'ai entendue je m'en suis offusqué... En fait, on veut surtout transcender la réalité, je pense que c'est l'objectif de chaque auteur... On lit un livre, on y prend des idées... »
Jackà Maré Spino de la compagnie Puzzle Théâtre « Je suis devenu auteur, par mon incapacité à communiquer ! Mais je ne me considère pas vraiment comme un auteur, je me suis dit que je l'étais peut-être le jour où j'ai commencé à toucher les droits d'auteur ! »
Pourquoi avez-vous choisi l'espace public ?
Laurent Serre de le compagnie Les Cousins : « C'est un vrai choix d'aller dans la rue, je m'ennuyais dans les salles ! Les gens s'en vont tout de suite quand c'est fini, je trouve ça triste... Dans les arts de la rue, il y a beaucoup plus de vie, on retrouve un état de fête et il est bon de jouer dans cet esprit-là ! Le public est chaleureux, convivial ! »
Jackà Maré Spino : « J'ai commencé dans la Rue, car je devais manger ! Donc le prof de mimes m'a dit : " Tu vas chez Mac Do, ou tu fais un ou deux numéros de mimes... " Et comme j'étais nul à la plonge, je me suis vite décidé !... Mais c'est surtout les réactions du public qui ont fait que j'ai eu l'envie de continuer ».
Frédéric Fort de la compagnie Annibal et ses éléphants : « J'ai fait ce choix rapidement, dès mes 19 ans, j'ai joué au chapeau dans la rue, j'avais envie d'aller à la rencontre des gens. Ça nous intéresse que les gens se réapproprient l'espace public. On utilise le texte de Victor Hugo (ndlr pour le spectacle Misérables ! créé en 2006) pour dire des choses aux gens pour que les personnes ne voient plus cette rue de la même façon... On réinvestit l'espace, le public peut dire ce qu'il veut ici.
Les arts de rue permettent de jouer n'importe où, que ce soit en milieu rural ou urbain... Il y a des rencontres possibles avec toute sorte de public -qu'on ne trouve pas forcément dans les théâtres- ».Eric Hervé, de la compagnie Une de plus : « J'ai commencé en tant que technicien au Fourneau, j'ai assisté à une représentation de Luc Amoros, et il y a eu un problème technique au bout de 10 minutes, j'ai passé le reste du temps sous la scène, et je me suis dit " Moi, c'est pas en-dessous que je veux être, mais au dessus ! "
Un jeune spectateur demande à Olivier Germser : « D'où vous est venu l'idée du spectacle d'Expédition Paddock ? »
« J'ai fait 15 ans d'internat. J'étais un garçon fragile, c'est une revanche sur la vie ce spectacle... »
Un Journaliste-spectateur : « Les élus ne participent-ils pas à la naissance de la contre-culture en enlevant des financements ? »
Olivier Germser : « Si on m'enlève 1000 euros de subvention pour un spectacle, on n'existe plus »
Jackà Maré Spino : « Quand Pinochet a pris le pouvoir, un artiste a dit : " Je veux vivre du théâtre " Les gens, sous la dictature, n'avaient pas d'argent et allaient cependant voir ces représentations. A la fin, les flics arrivaient, et les comédiens allaient en prison. La création était incroyable à ce moment-là, et le public en avait absolument besoin ! Peut-être nous faut-il un peu d'inconfort pour créer ? »
Fred Fort : « La culture, on en a autant besoin que de l'enseignement... On a tous besoin d'avoir une vision transcendée du monde. Il faut faire en sorte que la culture soit offerte au plus grand nombre... »
Le débat reste grand ouvert...
Compte-rendu : Lucie Nicolas.