La rue redessinée par Yannick Roualec
portrait réalisé le 9 juin 06Arte diem, boutique de design du centre-ville, regorge d'objets insolites : luminaires-mobiles, instruments de cuisine disposés en corolle... sans oublier d'incroyables chaises transparentes signées Philippe Starck. C'est au coeur de cet univers raffiné que j'ai rencontré Yannick Roualec, le gérant. | ||
Alors qu'il venait de s'installer à Morlaix, Yannick Roualec a reçu la visite de Michèle Bosseur et Claude Morizur, venus « prendre la température du commerce » et voir si un éventuel partenariat serait envisageable. Sa réponse a été d'emblée positive, proposant même d'accueillir des interventions artistiques dans son espace de vente. Précisons qu'il avait déjà l'habitude de présenter les créations de jeunes designers. Aujourd'hui, il avoue qu'il n'en a plus guère le temps ni la place. Il s'investit d'une autre façon en présidant le Théâtre de l'Entresort - pour la présenter brièvement, cette association travaille à partir de textes contemporains en faisant jouer des acteurs handicapés.
Rue du commerceSi Yannick Roualec est sensible à la création artistique dans sa ville, il n'en voit pas moins les avantages touristiques et commerciaux. La programmation estivale du FAR permet en effet d'attirer de nouveaux publics à Morlaix... et dans le magasin. L'année dernière, il a fait l'expérience d'une ouverture nocturne de la boutique située rue du Mur. Cette opération a plutôt bien fonctionné. Il souligne néanmoins la réticence persistante de certains commerçants et la difficulté à « monter une action commune ». Dommage, quand on découvre les projets de partenariat avortés ; citons par exemple l'idée d'illustrer le visuel de l'affiche du FAR 2003 en plaçant des grille-pains de toutes les couleurs dans les vitrines des commerçants et en proposant un parcours ludique aux festivaliers (au final le visuel a également été modifié, salière et poivrière remplaçant le grille-pain). Le vainqueur devait « gagner son poids en ... je ne sais plus quoi ! ». Cultiver l'indisciplineYannick Roualec a tout le loisir de flâner dans les rues et d'assister au FAR après la fermeture de sa boutique. Il aime à « se faire happer par quelque chose », être interpellé par un artiste comme par exemple cet « espagnol déjanté qui faisait Superman », (Loco Brusca, FAR 1997). Parmi ses spectacles préférés, il cite aussi les « Tragédiques » par Délices Dada (FAR 1997) ou encore « Les Girafes » de la Compagnie Off (FAR 2003). Ceux-ci permettent d' « aller vers les gens », de les surprendre. La découverte de la ville, le « jeu avec son architecture, ses lumières et ses bruits », voilà l'essence de la rue. Par contre, mon interlocuteur avoue avoir du mal à se conformer à des horaires précis, surtout après une journée de travail : « s'asseoir pendant 50 minutes (...) à telle heure... ». Dans la rue, Yannick Roualec préfère « les choses qui bougent » et notamment les déambulations, des spectacles qu'il peut prendre ou laisser en cours. Ses soirées estivales doivent ainsi rester détendues et conviviales, sans contrainte. Or nombre de créations pour la rue adoptent selon lui les codes de la salle. Ainsi « on va vers du confort plus traditionnel, des gradins ». C'est parfois la météo qui détermine le jeu en extérieur ou en salle. Perte de sens des arts de la rue? Yannick Roualec ne cherche pas à se positionner en tant que censeur ; il donne seulement son point de vue de spectateur. Faites un voeu...
Note : Pour acheter une magnifique roulette à pizza et bien d'autres choses encore, rendez-vous au 24 rue de L'aiguillon à Morlaix. A quelques encablures, vous trouverez deux autres boutiques Arte Diem, avec des objets plus ludiques et pour les enfants. Texte : Camille Poiraud / Photo : lefourneau.com |