Rencontre professionnelle et citoyenne – 6 août 2009
Artistes et espaces publics d’ici et d’ailleurs : quels enjeux ?
Mis en ligne samedi 8 août | 13h52
Organisée par le Centre National des Arts de la Rue le Fourneau et Spectacle Vivant en Bretagne,
en partenariat avec la Fédération des Arts de la Rue Bretagne
Cette rencontre professionnelle, artistique et citoyenne organisée dans le cadre du FAR du Pays de Morlaix et animée par Pascal Le Brun Cordier, professeur associé à l’Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne fut riche en discussions grâce à des témoignages et réflexions venant d'artistes des quatre coins du monde.
C’est quoi l’espace public aujourd’hui ? Quelle place laisse t-on aux artistes ? Comment se l’approprient-ils ? Quelle place prennent les politiques et les citoyens ? Comment joue-t-on dans la rue ?
En Italie où il n’y a pas de système d’intermittence et de subvention, les artistes jouent très peu dans la rue, comme l’a expliqué Iacopo Fulgi de la compagnie Tony Clifton Circus. Malgré tout les artistes de rue italiens commencent à se fédérer. En Corée du sud, comme l'on expliqué les artistes des compagnies Alice Kim et Visual Theater Company, on laisse une grande place aux artistes de rue mais dans des endroits bien délimités mis à disposition par le gouvernement, qui compte bien que cette « ouverture » de l’espace public soit avantageuse pour lui aux moments des élections. En Angleterre, où il y a un conflit entre théâtre de salle et de théâtre de rue, ce dernier est plus considéré comme de l’ « entertainment » et est très encadré par la police. A Madagascar, il y a une sorte de contradiction, la liberté d’expression est très peu respectée, néanmoins les rues sont très investies par la population et les artistes peuvent y faire beaucoup de choses. Au Chili, où il y a eu une coupure culturelle avec la fin de la dictature militaire, les artistes ont eu beaucoup à exprimer, comme le raconte Ignacio Achurra de la compagnie La Patriotico interesante. Néanmoins, on n’y parle pas beaucoup des artistes de rue. Par contre, quand une compagnie comme Royal de Luxe vient, la couverture médiatique est importante.
Pour Didier Loiget de la compagnie Carabosse, l’espace public n’est pas un acquis et il est toujours à conquérir en France ou ailleurs. Charlie Windelschmidt de la compagnie Dérézo voit en l’espace public un espace privé, on n’y joue pas n’importe où et pas à n’importe quel moment. Les festivals sont des moments où l’on laisse aux artistes et aux citoyens la rue de manière éphémère. La structuration des Arts de la Rue a permis aux artistes et aux « passeurs » d’avoir une lisibilité auprès des pouvoirs publics, mais a en quelque sorte aussi trop cadré les pratiques. Pour Jacka Mare Spino de la compagnie Puzzle Théâtre, ce n’est plus comme dans les années 80 où devant le Centre Pompidou par exemple, les artistes s’appropriaient l’espace comme ils le souhaitaient, en s’arrangeant entre eux. On était alors dans une véritable transgression du quotidien et de l’espace public et ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Il semble que les rues d’ici et d’ailleurs marquées plus que tout politiquement et culturellement soient donc encore à bousculer, à transgresser et à conquérir malgré, selon Claude Morizur du Fourneau, de véritables volontés politiques de laisser aux artistes l’espace public, espace qui selon Evelyne Fagnen est à travailler ensemble. Il faut que l’espace public devienne l’espace des possibles, il faut continuer à se battre a conclu Pascal Le Brun Cordier. L’arbre morlaisien emprisonné n’est-il pas le témoin de ce perpétuel combat à mener ?
Texte : Marine Lecoutour et Pierre Goulaouic
Photos :
lefourneau.com
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