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Une star à la dérive
Jackie Star
Tout commence comme une conférence bien huilée portant sur l'élégance et la beauté. La lectrice rassemble ses feuillets, compte le nombre de pas qui la sépare du pupitre et salue le public en anglais : « Hello everybody ! ».
Leçon d'élégance
Jackie Star détaille sa tenue : tailleur bleu marine, escarpins vernis et chapeau rouge - le comble de l'élégance. Elle fait la démonstration de la délicate pose du rouge à lèvre et éclate d'un rire chromatique. A la question « Why is it elegant » s'impose la réponse suivante : « because it is elegant ». But why is it elegant ? Jackie est prise de panique devant ce problème métaphysique. C'est ce moment critique que choisit une petite fille du public pour quitter sa place ; Jackie fulmine et accompagne sa sortie d'un chapelet d'injures en anglais. Heureusement, la conférencière avise une fiole d'alcool et engloutit plusieurs gorgées. Elle retrouve aussitôt l'usage du français : « c'est léger, c'est du Kirch! ».
Leçon de beauté
Comment parler de la beauté sans évoquer le souvenir attendri du Professeur Smooth ? « A little touch of... a little touch of... tenderness ». Les mots viennent difficilement. Jackie tousse, renifle, éternue, aboie ; elle a beaucoup de mal à se concentrer. Dérangée par une mouche, elle fait de grands gestes pour la chasser. Un tic à l'oeil l'empêche de porter son regard sur le public. La conférence est de plus en plus difficile à suivre.
A la dérive
Jackie replonge dans ses souvenirs. Hôtesse de l'air dans l'armée américaine, son avion est victime d'un crash - expérience traumatisante qu'elle nous fait revivre en s'aidant de grandes lampées de Kirch. Ses longs cheveux tombent, s'ébouriffent, son costume se froisse. Une tâche de rouge à lèvre sur son col et elle bascule complètement : son personnage fragile se brise en deux. Dans ce spectacle à la fois drôle et violent, Jackie Star nous livre le portrait d'une femme à la dérive.
Texte : Camille Poiraud / Photos : lefourneau.com
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