Le bijou de minuit Trois, compagnie Une de plus Une structure en forme de parapluie géant, de banals cartons se balançant au bout de fils, tels sont les premiers éléments de décor visibles dans la cour du musée des Jacobins. Il est minuit, l'heure de découvrir la première création de la jeune compagnie Une de plus. En scène, deux marionnettes interprétées par des comédiens et dont les costumes ne laissent paraître aucune parcelle de peau humaine. Il y a d'abord la petite marionnette, celle qui naît sous nos yeux. Premiers gestes désordonnés, difficulté à se tenir en position verticale, le nouveau-né découvre les durs lois de l'apesanteur. C'est à cet instant qu'entre en scène la deuxième marionnette humaine, perchée sur de hautes échasses et vêtue d'une cuirasse rappelant étrangement les petits personnages de bois articulés rendus célèbres par une marque de produit dépoussiérant... Le travail de la compagnie finistérienne est un petit moment de bonheur qui oscille entre une magnifique légèreté des images et une symbolique extrêmement pesante. De ce qui nous est montré, on peut comprendre beaucoup de choses, créer son propre sens. Reste que la relation dominant/dominé, parent/enfant, de la naissance à l'émancipation violente, est traitée avec une formidable profondeur et un souci de l'image remarquable. La musique du jeune compositeur Daniel Monge est aussi un élément essentiel du spectacle. A chaque moment clé de la relation entre les deux marionnettes, dans la rencontre comme dans la confrontation, elle soutient le propos avec justesse et se fait l'écho du ressenti des personnages muets. C'est elle qui instaure, en parallèle avec l'expression des personnages, un dialogue sensible avec le public. En cette fin de soirée, Trois a offert aux spectateurs morlaisiens un îlot de poésie, fort et émouvant... Retrouvez Trois pour "deux de plus", mardi 2 août à 20h32 et 00h12 dans la cour du musée des Jacobins.
Le fabuleux destin de Trois "Le rendez-vous de minuit" : voilà une idée qui pourrait bien faire son chemin dans la programmation du FAR. L’idée est simple : accueillir un spectacle en cours de création pour un premier rendez-vous nocturne avec le public. Une prise de risque qui serait tout simplement partagée par les spectateurs et les organisateurs, les mettant de ce fait sur un même pied d’égalité face à l’inconnu. C’est donc aux environs de minuit dans la cour du musée des Jacobins que la compagnie finistérienne Une de plus a présenté pour la première fois son spectacle Trois. En résidence intermittente au Fourneau ces trois derniers mois, la compagnie a mis bout à bout les 30 minutes de cette création : "Quand il n’y avait pas de compagnie au Fourneau, il y avait nous." raconte Eric Hervé, comédien-fondateur de la compagnie. Une compagnie baptisée Une de plus en référence à certains propos d'hommes politiques qui sous-entendaient qu'il y avait en France trop de compagnies. Un joli pied de nez à destination de ceux qui prônent la rentabilité culturelle plutôt que sa diversité, occultant le fait que la richesse culturelle est justement dans la diversité. Au Fourneau, la compagnie a également bénéficié des conseils d’Olivier Germser, le talentueux chorégraphe de la compagnie morlaisienne Tango Sumo, en résidence à la même période avec Moyen Plume : "Grâce à lui, c’est incroyable ce qu’on a pu avancer au niveau de la chorégraphie" confient les comédiens. Ce qui était prévu à l’origine comme un "coup de pouce" du lieu de fabrique brestois à la compagnie s’est transformé en une formidable aventure artistique avec comme aboutissement un moment magique de rencontre avec le public du FAR. "Quand la ville de Plougerneau nous a demandé de créer un spectacle déambulatoire à texte, nous avons créé Trois : un spectacle fixe, sans parole et avec de la musique", plaisante Eric. Plaisanteries mises à part, le pari est pleinement réussi et le spectacle, qui n’en est encore qu’à ses premiers balbutiements, est très prometteur. L’histoire de cette création rappelle que le savoir-faire de diffusion d’un lieu comme le Fourneau et l’aide qu’il peut apporter à une jeune compagnie créative donnent souvent naissance à des spectacles de qualité. >> La résidence au fourneau... >> La contribution des enfants de Guisseny sur le Blog du FAR Texte : Aurélien Marteaux |